Avec son décès, l’ancien patriarche Nasrallah Boutros Sfeir a ravivé bien des blessures présentes au sein de la communauté chrétienne en dépit du discours oecuménique des autorités officielles qu’elles soient politiques ou religieuses.

Ainsi, présenté pour son opposition à l’occupation syrienne à partir de 1994, certains rappellent, sans aucun tort, que l’ancien prélat avait appelé le gouvernement Hoss à envahir les zones dites libres à l’époque, zones sous contrôle de l’Armée du Premier Ministre Aoun, aujourd’hui Président de la République. Il avait également appelé l’Armée Libanaise du Général Aoun à désobéir à son commandement et à se placer sous le commandement du Général Emile Lahoud. Il avait, en fin de compte, placé le Liban sous occupation syrienne.

D’autres rappellent l’assentiment accordé par le patriarche d’alors aux accords de Taëf qui ont démantelé les prérogatives du Président de la République en 1989 et dont on voit jusqu’à aujourd’hui l’immense impact. Ainsi, décrit comme équilibrant les relations politiques entre communautés musulmanes et chrétiennes, cet accord les a plutôt marginalisé au point où le Liban souffre désormais d’une paralysie chronique de son système administratif. Mais ces accords de Taëf avaient également entériné l’occupation syrienne du Liban.

De fait, Nasrallah Sfeir avait divisé l’église et la communauté chrétienne.

Face à cela, les partisans du Patriarche soulignent son rôle dans l’opposition à cette même occupation syrienne à partir de 1994, son rôle également dans la réconciliation de la Montagne ou encore dans le rassemblement de Kornet Schewan ou dans ce qui convient d’appeler la révolution des Cèdres. Mais au contraire, cette vision politique a été très cohérente avec celle de l’homme politique qu’il soutenait en sous-main.

Tout comme lui, Samir Geagea a soutenu les accords de Taëf et l’intervention syrienne au Liban contre les zones libres, tout comme lui, ce n’est qu’à partir de l’emprisonnement du dirigeant des Forces Libanaises en 1994, date clé, qu’il entrera dans une opposition réelle à cette occupation.

Cette date charnière démontre tout autre chose, celui d’une politique générale de Bkerké totalement calquée sur une politique en faveur de Samir Geagea. Ainsi, dès son accession en 1986 à la tête du Patriarcat, Nasrallah Boutros Sfeir soutiendra ce dernier pour la prise de contrôle des Forces Libanaises, allant jusqu’à, pratiquement, l’absolution des assassinats qui ont visé ses opposants politiques au sein de ce mouvement.

À partir de cette prise de contrôle, la politique générale de Bkerké sera également calquée sur celle de Samir Geagea, pro-Taëf et anti-aouniste y compris avec un appui à l’offensive syrienne de 1989 à 1994, puis anti-syrienne quand ce dernier était en prison, avec la recherche de la mise en cause des équilibres politiques locaux, rapprochement avec Joumblatt et avec Rafic Hariri à la clé.

En 2005, le Patriarche Maronite appellera également à soutenir la coalition dite du 14 Mars contre le CPL lors des élections législatives. Idem en 2009

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