Certaines sources diplomatiques indiquent que les partis politiques en place refuseraient l’inclusion de représentants de la société civile au sein du prochain gouvernement.

Ces mêmes sources indiquent que la communauté internationale se serait montrée en faveur de la création d’un gouvernement mixte d’union nationale avec une part des représentants des principaux partis afin d’ éviter toute obstruction du parlement et les représentants du mouvement de contestation.

Cependant, les partis politiques estiment que les représentants des manifestants présents dans les rues libanaises depuis la nuit du 17 au 18 octobre ne sont pas réellement représentatifs. Ils notent également que la pression populaire « ne serait pas importante », en dépit de la large mobilisation qui a eu lieu lors des premiers mois de contestation et qui a suivi suite à l’explosion du port de Beyrouth.

Pour l’heure, on estime que la formation d’un prochain gouvernement probablement dirigé par l’ancien premier ministre Saad Hariri en l’absence d’une alternative acceptable par tous les partis politiques, pourrait prendre plusieurs mois, comme cela fut précédemment le cas. La communauté internationale redoute ce délai, estimant qu’un effondrement du système financier pourrait se produire d’ici quelques semaines, et avec lui à un effondrement des circuits logistiques, de carburant et de nourriture au détriment de la population elle-même.

Alors qu’un émissaire américain est actuellement au Liban, la présidence de la république n’a toujours pas annoncé les dates de la tenue des consultations parlementaires obligatoires visant à désigner un nouveau premier ministre. Toutefois, le président de la chambre des députés Nabih Berri a appelé à l’accélération du processus de formation du prochain cabinet «pour mener les réformes. »

Une nouveauté qui n’en est pas une en fin de compte…

Pour rappel, le gouvernement aujourd’hui démissionnaire du premier ministre Hassan Diab incluait outre les partis politiques du courant patriotique libre, le Hezbollah et le mouvement Amal, des représentants de la d’autres sociétés dite civile, avec pour mission de faire face a l’importante crise économique que traverse actuellement le Liban. Déjà précédemment à l’explosion du port de Beyrouth, alors que la croissance économique était déjà estimée à -14 %, le précédent gouvernement devait déjà mener un programme de réformes visant à relancer l’économie locale. Cependant, il a fait face a un certain nombre d’obstacles, notamment dans sa coalition même avec des tensions entre le premier ministre et le président de la chambre au sujet d’abord de l’audit de la Banque du Liban mais également au sujet des réformes à mener dans le secteur de l’énergie.

Le gouvernement Hassan Diab a démissionné ce mardi, alors que son bras de fer avec le président de la chambre s’est encore aggravé suite à l’explosion du port de Beyrouth. Nabih Berri avait ainsi convoqué le parlement en session extraordinaire pour demander la question de la confiance envers l’exécutif libanais.

Pour l’heure, même si la communauté internationale exige des réformes notamment dans le secteur de l’énergie, le mener un audit des comptes de la banque centrale, ainsi que d’autres mesures, les sources proches de ses différents dossiers estiment que quelque soit la prochaine formule gouvernementale, ces réformes ne pourront avoir lieu en raison de résistances et des obstacles posées par les partis politiques et leurs dirigeants dont beaucoup profitent des détournements de fonds.

Certaines sources estiment que le choix de Saad Hariri comme prochain premier ministre – choix porté par le Président de la Chambre Nabih Berri et l’Association des Banques du Liban avec ses relais au sein du parlement – interviendrait comme un pari, celui d’obtenir une aide bilatérale de la part de l’Arabie Saoudite et des pays du golfe sans passer par des négociations avec le FMI plus restrictives notamment au niveau de l’exigence de la mise en place des réformes jugées indispensables par la communauté internationale. Cependant, l’Arabie Saoudite tout comme les autres états qui pourraient accorder une telle aide ont déjà indiqué qu’elle serait conditionnée à l’acceptation par les autorités libanaises du plan de sauvetage du fonds monétaire international. Même en cas de constitution d’un gouvernement, les difficultés économiques pourraient alors se poursuivre.

Aussi, ils estiment ainsi que le Liban ne pourrait profiter du déblocage de l’aide économique international promis lors de la conférence cèdre d’avril 2018 ou encore bénéficier d’un plan de financement du fonds monétaire international, rendant encore la situation plus périlleuse pour la population libanaise déjà confrontée à une crise économique d’une ampleur inconnue pour elle. Pour rappel, 50 % de la population active est actuellement au chômage, et 65 % de la population totale vit sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de six dollars par jour.

Cette situation économique pourrait encore se dégrader avec l’explosion du port de Beyrouth. Ainsi, les scénarios de croissance économique seraient passés selon différents organismes, de -14 % avant l’explosion à -24 % après l’explosion. De nombreuses entreprises pourraient être durement impactées par l’arrêt des importations et des exportations, ce qui pourrait encore aggraver le taux de chômage et la pauvreté.