«Les religieux chiites reçoivent une éducation beaucoup plus rigoureuse que les clercs sunnites. Ils ont une solide formation dans les sciences théologiques. Ils apprennent la logique aristotélicienne avant le Coran…. La théologie est beaucoup plus vivante dans la communauté chiite.…Les Chiites sont plus théologiques, les sunnites sont légalistes. Et les chiites ont leur « histoire de passion» avec Hussein et Ali. C’est une invitation à réfléchir sur la nécessité de la justice», soutient un universitaire sunnite palestinien, Cheikh Tarif Al Khalidi (universitaire palestinien sunnite).

Le Hezbollah: La gloire du Liban – Majdou Loubnane
Croquemitaine ou ultime digue de retenue face au grand naufrage arabe ?

Un bémol toutefois: Malgré la médiocrité d’une large fraction de ses élites, le Liban peut se targuer d’avoir propulsé des «hommes debout», solide comme des rocs, à l’instar de Sayyed Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah libanais, et Georges Ibrahim Abdallah, le doyen des prisonniers politiques en Europe.

Le Liban demeure ainsi le seul pays au monde à avoir abrogé un traité international (le traité de paix avec Israël en 1983) sous la pression populaire; le seul à avoir obtenu le retrait militaire israélien sans négociations, ni traité de paix, glanant au passage le titre envié de «Vietnam d’Israël» pour la fonction traumatique de sa capitale, Beyrouth.

Hezbollah inspire la crainte à Israël et a débarrassé le Liban du chancre aérien représenté par les raids massifs de l’aviation israélienne contre le sud Liban. Beaucoup au Liban, pas uniquement des chiites, lui en savent gré de cet exploit, de les avoir libéré de l’enfer de même de constituer une force de dissuasion à l’effet depréserver les gisements pétrolifères off shore du Liban du grignotage israélien.

Depuis lors, le Hezbollah tient la dragée haute à Israël. Non seulement Israël, mais également la Force Multinationale Occidentale, notamment les États Unis et la France, dégagés du Liban dans la foulée de deux attentats particulièrement meurtriers, faisant un total de plus de 300 morts, dans la décennie 1980, qui explique l’acharnement de l’Amérique dans sa politique de strangulation du Hezbollah.

Invincible à ce jour, artisan de deux dégagements militaires israéliens du Liban sans négociation ni traité de paix, ferme soutien du Hamas face aux offensives israéliennes, de surcroît, dernier intervenant sur le champ de bataille syrien après les escouades de jihadistes de Tchétchénie à la Tunisie en passant par la Belgique, le Kosovo et la France, de même que les Moudjahidines Khalq, formation de l’opposition iranienne islamo marxiste, le Hezbollah demeure, n’en déplaise aux esprits chagrins, le phénomène majeur politico-militaire de l’histoire arabe contemporaine.

L’ultime digue de retenue face au grand naufrage arabe, qui explique l’acharnement des États Unis à vouloir affamer le peuple libanais pour l’inciter à se soulever contre la formation chiite et de bloquer toute ouverture du Liban vers l’Est, -une «apertura a sinistra»-, en direction de la Chine et de la Russie, en vue de s’affranchir de l’emprise occidentale sur la vie politique nationale, dont l’objectif ultime est de briser la volonté de résistance de ce pays en vue de le finlandiser au profit d’Israël…………

Et de forcer le Liban à intégrer les réfugiés palestiniens à la population libanaise, à l’effet de provoquer un bouleversement démographique en faveur des sunnites. Une politique à courte vue.

Principale formation politico-militaire libanaise, qualifiée jadis par le premier ministre socialiste français Lionel Jospin de «terroriste» et dont le démantèlement est réclamé les États-Unis, le Hezbollah dispose d’une représentation parlementaire sans commune mesure avec l’importance numérique de la communauté chiite, sans commune mesure avec sa contribution à la libération du territoire national, sans commune mesure avec son prestige régional, sans commune mesure avec l’adhésion populaire dont il jouit sans chercher à en tirer avantage.

Tant au niveau de la démocratie numérique que de la démocratie patriotique, la place qu’occupe le Hezbollah dans la conscience nationale est une place de choix. Dans les querelles byzantines dont les Libanais sont tant friands, il était salutaire que cette vérité d’évidence soit rappelée afin que nul ne songe à usurper la place qui n’est pas la sienne.

Mieux, Sayyed Hassan Nasrallah, Secrétaire Général du Hezbollah, est le premier dirigeant arabe à disposer d’une capacité d’influence sur le public israélien de par ses discours, depuis le président égyptien Gamal Abdel Nasser.

Cette thèse a été soutenue par le colonel Rounine, devant l’université de Haïfa, en se fondant sur une analyse du contenu des discours d’Hassan Nasrallah durant la deuxième guerre du Liban (2006), rapporte le journal israélien «Haaretz». L’officier israélien décrit Nasrallah comme «le premier dirigeant à avoir su développer une capacité d’influence sur l’opinion publique israélienne, depuis Abdel Nasser» dans la décennie 1960.
Mais, paradoxalement, Illustration de la défragmentation mentale arabe et de la vassalisation du Monde arabe à l’imperium israélo-américain, la Ligue arabe, à l’instigation des pétromonarchies du golfe, a décidé d’inscrire le Hezbollah Libanais sur la liste des organisations terroristes, fait sans précédent ans les annales diplomatiques arabes.

La criminalisation de la formation politico-militaire chiite est intervenue au dixième anniversaire de son glorieux fait d’armes face à Israël lors de la guerre de destruction israélienne du Liban, en juillet 2006. Plus reptile que cela tu meurs.

Sur le Hezbollah, ces deux liens:

A l’adresse du patriarche maronite Béchara Ar Rahi (81 ans) : La déloyauté, la marque de fabrique du leadership maronite.

Héraut de la neutralité du Liban, le patriarche maronite se veut l’arbitre des élégantes turpitudes libanaises, mais chef d’une communauté dont les dirigeants politiques ont été les alliés privilégiés d’Israël dans la guerre civile libanaise, il lui importe de garder religieusement en sa mémoire cette vérité là:

Le Liban a été un pays taillé sur mesure par la France au profit des Maronites, mais cette communauté là avait déjà trahi le Pacte National fondateur en signant un pacte avec l’Agence Juive bien avant l’Indépendance du Liban et la proclamation unilatérale de l’indépendance d’Israël, en 1948, sabordant au départ la coexistence inter-communautaire prévu à la base de la création du Liban (1). La déloyauté, sinon la trahison, était déjà la marque de fabrique du leadership maronite.

En fait, contrairement à une légende bien entretenue, «le Liban est redevable de son indépendance au Royaume Uni, dont le rôle incitatif, a conduit les libanais à s’engager dans une lutte d’indépendance de leur pays du mandat français, en 1943, après la capitulation de la France face à l’Allemagne et sa collaboration avec le nazisme hitlérien.

Treize ans après l’indépendance, Camille Chamoun, anglophile notoire, au même titre que le premier ministre irakien de l’époque monarchique, Noury Said, refusera de rompre les relations diplomatiques du Liban avec la France et la Grande Bretagne, en signe de solidarité avec l’Égypte, victime d’une agression tripartite à la suite de la nationalisation du Canal de Suez (1956), une agression menée par les deux anciennes puissances coloniales de la zone (France et Grande Bretagne) et leur créature Israël, signe indiscutable d’un alignement aveugle aux objectifs atlantistes.

Sous sa mandature, le leadership maronite ne n’est jamais formalisé de l’emprise de l’Iran sur la communauté chiite, personnifiée par l’accréditation du propre fils de Kazem Al Khalil, –notabilité chiite de Tyr et adjoint de Camille Chamoun au sein du Parti National Libéral–, comme ambassadeur du Liban auprès du Chah d’Iran et son rôle dans la fourniture d’armes iraniennes aux milices chrétiennes…..Tout comme il se ne formalise pas, de nos jours, de la tétanie du leadership sunnite devant l’Arabie saoudite, qui a eu l’outrecuidance tout de même de kidnapper un premier ministre du Liban……En toute impunité et sans la moindre protestation du patriarcat maronite, et les encouragements de Samir Geagea, un homme supposé être chatouilleux sur la souveraineté libanaise.
Récidivistes, les chefs militaires maronites de la coalition des Forces Libanaises ont pactisé une nouvelle fois avec Israël, dans la guerre civile libanaise (1975-1990), une connivence qui a culminé avec l’élection du chef phalangiste Bachir Gemayel à la présidence de la République libanaise à l’ombre des blindés israéliens.

Son assassinat, cruel destin pour ses partisans, est intervenu à la veille de son entrée en fonction et le massacre consécutive des camps palestiniens de Sabra-Chatila, dans la banlieue sud-est de Beyrouth, l’été 1982.

Les congrégations maronites libanaises, quant à elles, ont assumé un rôle considérable destructeur et subversif sur le plan politique et militaire lors de la guerre civile libanaise (1975-1990), par leur soutien aux milices chrétiennes qui collaboraient avec Israël et le Père Charbel Kassis, supérieur de l’Ordre des Moines libanais, visait comme objectif la partition du Liban.

Une affirmation consignée dans les mémoires de M. Élie Ferzli, vice-président de l’Assemblée nationale et un témoin de premier plan de la vie politique libanaise dont le journal libanais «AL Akhbar», en a confié la recension au politologue libanais Assad Abou Khalil, consultable sur ce lien

Cette connivence s’est poursuivie avec la visite pastorale du Patriarche Béchara Al Rahi aux communautés maronites situées en Haute Galilée, en Mai 2014; une forme de normalisation sournoise par la théologie, confirmant le tropisme permanent des Maronites à l’égard d’Israël.

Et voilà que tout dernièrement, tout en prônant la neutralité du Liban, le patriarcat maronite a parrainé la parution d’un ouvrage célébrant l’amitié entre l’Arabie Saoudite et les Maronites. Curieuse alliance avec Israël et l’Arabie saoudite, deux des pays les plus théocratiques du Moyen Orient, de surcroît qui visent à maintenir le Liban, otage de leur stratégie.

En fait l’objectif sous-jacent du patriarcat est de délégitimer l’alliance du Hezbollah avec les chefs militaires chrétiens, matérialisée par la caution que lui ont accordé les deux présidents de la République Émile Lahoud et Michel Aoun afin de réduire la formation politico-militaire chiite à sa dimension communautariste sectaire.

L’équipée suicidaire des milices chrétiennes libanaises.

Victimes innocentes souvent, bourreaux parfois plus que de besoin, les camps palestiniens de la quarantaine (est de Beyrouth), en 1976, et de Sabra Chatila (sud de Beyrouth), en 1982, passeront dans l’histoire comme de sanglantes illustrations pathologiques de la déraison humaine, au passif du leadership maronite, particulièrement les milices chrétiennes des Forces Libanaises.
Leur alliance avec Israël, l’ennemi officiel du Monde arabe, constituera l’un des points noirs de l’histoire de la chrétienté arabe.

Et les chefs de cette équipée suicidaire, Bachir Gemayel, président éphémère du Liban, et ses successeurs, Elie Hobeika et Samir Geagea, comme les plus sinistres personnages de l’histoire du Liban en termes de bilan pour la chrétienté, en ce qu’ils ont substitué la lutte pour la réalisation des droits nationaux des Palestiniens, par la recherche de l’éradication d’un peuple déjà spolié de sa patrie, les Palestiniens, en compensation des turpitudes occidentales à l’égard des Juifs européens.
Les miliciens chrétiens ont intériorisé, ce faisant, la perversité de la logique occidentale dans un tragique dévoiement de la pensée, ne s’imaginant pas un seul instant que «le peuple de trop au Moyen orient», selon l’expression du chef phalangiste Bachir Gémayel, pourrait être un jour «le peuple chrétien arabe».

La pantalonnade américaine.

A leur corps défendant, toute honte bue, les États Unis, trois semaines après leur débâcle d’Afghanistan, ont procédé à un époustouflant rétropédalage au Liban, le 4 septembre 2021, contraint de violer leur propre embargo qu’ils ont décrété contre la Syrie et le Liban en donnant leur feu vert au gouvernement libanais pour acheminer via la Syrie du gaz égyptien et de l’électricité venue de Jordanie.

Cette décision prise dans la précipitation visait à contrecarrer le projet du Hezbollah de ravitailler le Liban en fuel iranien. Elle a couvert de ridicule l’ambassadrice des États Unis au Liban Dorothea Shia, qui se vivait en véritable proconsul de son pays à Beyrouth en vue de stranguler le Liban pour contraindre sa population à se soulever contre la formation politico militaire chiite et à saborder la fin du mandat du président Michel Aoun en guise de représailles à son alliance avec le Hezbollah. La volte face américaine a corrélativement démasqué la servilité du leadership sunnite et maronite à l’égard des oukazes américains.

Le fuel iranien au Liban via la Syrie et la pantalonnade américaine corrélative a signé dans l’ordre symbolique la continuité territoriale de la Syrie et du Liban en même temps que leur complémentarité économique, propulsant l’Iran au rang d’acteur majeur de la scène libanaise, confinant l’Arabie saoudite au rôle de nuisance.

Au vu de cette pitoyable prestation diplomatique, la splendeur américaine n’est plus ce qu’elle était.

Le général Émile Lahoud, le précurseur.

A rebours de leurs coreligionnaires miliciens, deux chefs militaires maronites se distingueront de ce lot de cloportes: Emile Lahoud et Michel Aoun.

Principal obstacle à la mainmise économique du milliardaire libano saoudien sur le Liban, un des rares personnages publics libanais de premier plan à n’avoir pas succombé aux séductions matérielles de M. Hariri, Émile Lahoud, fondateur de la nouvelle armée libanaise forgera une nouvelle doctrine stratégique privilégiant la riposte à Israël, rompant, ce faisant, avec le défaitisme ambiant de l’ère post indépendance qui réduisait l’armée à un rôle parasitaire.

Le démantèlement d’un réseau d’agents israéliens au sein de la hiérarchie militaire libanaise justifiera cette drastique mutation. Logé, nourri, blanchi, instruit, pendant 40 ans, aux frais d’un contribuable libanais saigné à blanc par une guerre civile corrosive, ce quarteron d’officiers d’une armée longtemps garde frontière d’Israël et super gendarme de la répression sociale libanaise, révélera la fêlure morale d’une frange de l’élite libanaise, en même temps que leur ingratitude à l’égard de leur pays. Leur servilité à l’égard d’Israël, le plus impitoyable des ennemis du Liban, marquera du sceau de l’infamie cette posture d‘une indignité nationale absolue. Elle donnera a posteriori raison au général Lahoud contre ses détracteurs.

Véritable vainqueur moral de la guerre du Liban par sa gestion transcontinentale de sa relation stratégique avec le Hezbollah, le fer de lance du dégagement israélien du sud Liban, le président Lahoud a propulsé son pays à la fonction de curseur diplomatique régional, et dans l’histoire du conflit israélo-arabe, le standard libanais au rang de valeur d’exemple, tant cet exploit a revêtu dans la mémoire collective arabe un impact psychologique d’une importance comparable à la destruction de la ligne Bar Lev, lors du franchissement du Canal de Suez, lors de la guerre d’octobre 1973.
Au regard de cet état de service, il fera l’objet d’une offensive médiatique dans les pays occidentaux en vue de le discréditer.

Ostracisé pendant deux ans, il quittera ses fonctions à l’expiration de son mandat, non sans avoir auparavant assuré une couverture diplomatique au Hezbollah libanais lors de la guerre destruction israélienne du Liban, en juillet 2006, préfigurant l’alliance entre la formation chiite et le général Michel Aoun, le chef de la principale formation chrétienne.
La mise à l’index du président Lahoud n’a pas été un cas isolé. Celui du président Michel Aoun, plus subtil, paralyse le Liban depuis près de deux ans. L’obstruction menée par le club des premiers ministres sunnites, tous inféodés à l’Arabie saoudite, vise à entraver la fin du mandat du président Aoun.

La «déconcertante alliance» entre le Hezbollah et le général Michel Aoun

La «déconcertante alliance» entre le général Michel Aoun et le Hezbollah, pour reprendre l’expression des analystes occidentaux, a brisé stratégiquement le clivage confessionnel islamo chrétien de l’équation libanaise, de la même manière que l’alliance Syrie-Iran a brisé le clivage ethnique arabo persique de la rivalité régionale entre les deux chefs de file de l’Islam, l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite.

Sur le plan interne libanais, elle a constitué l’alliance de revers à la «déconcertante alliance» entre les sunnites libanais et les anciens chefs maronites des milices chrétiennes, dont l’office de requiem célébré à la mémoire de Rafic Hariri à l’Église maronite de Paris, dans la semaine qui a suivi l’assassinat du milliardaire libano saoudien, a scellé dans l’ordre symbolique le double ralliement du clan Hariri au «maronitisme politique», parallèlement à celle de la frange pro américaine des Maronites à l’Islam Wahhabite, signant par la même le dégagement des sunnites du combat nationaliste, au profit des chiites, et la relégation des maronites au rôle d’appoint de la stratégie saoudienne.

Le cas du général Aoun n’est pas unique: Son prédécesseur, le président Émile Lahoud, de même que d’éminentes personnalités civiles, le chef chrétien du nord Liban, Souleimane Frangieh, l’économiste de renom Georges Corm, l’historien Gérard Khoury, toute une cohorte de technocrates révulsés par la féodalité clanique des «seigneurs de la guerre» chrétiens ont emprunté le même chemin tant par lassitude de l’aventurisme des milices chrétiennes qui ont longtemps bridé l’armée pour s’emparer du butin de la guerre, que pour les résultats catastrophiques que cet aventurisme a produit sur le statut des chrétiens d’Orient, que tant enfin par le constat qu’ils en ont fait de leur alignement occidental.

Un constat sans équivoque, tiré des enseignements de l’histoire récente: Tous les grands exodes des chrétiens d’Orient auront été consécutifs à des opérations occidentales. Il en été de la création d’Israël qui a produit un fort exode des chrétiens palestiniens (vers la Californie et l’Amérique latine). Tout comme de la guerre civile inter-libanaise (guerre dérivative à l’échec américain au Vietnam) qui a provoqué un fort exode des chrétiens libanais vers le Canada, l’Australie, la France et les deux Amériques, comme de l’invasion américaine de l’Irak qui a provoqué un fort exode des chrétiens irakiens (assyro chaldéens).

Au vu de ce bilan, la conclusion s’impose sans appel à savoir que les chrétiens arabes auront toujours été les grands sacrifiés au bénéfice de la stratégie israélo américaine.

Qu’il importait désormais que le sort des chrétiens arabes soit scellé dans son ancrage avec son environnement arabe, tant il est vrai que les chrétiens arabes n’ont pas vocation à devenir une diaspora complémentaire des diasporas dans les pays occidentaux, à titre de vestige d’une civilisation perdue.
Le président Émile Lahoud et le général Michel Aoun, les «sas de sécurité» diplomatique au Hezbollah lors de la guerre israélienne contre le Liban, compenseront ainsi l’allégeance ultra occidentale des autres protagonistes, prévenant une dérive inter confessionnelle du conflit de l’été 2006.

Le soutien des commandants en chef successifs de l’armée libanaise – le Général Émile Lahoud, le général Michel Aoun, à la Résistance nationale Libanaise agglomérée autour de son noyau dur, le Hezbollah chiite, témoigne, par contrecoup, du souci de la hiérarchie militaire chrétienne de brider les pulsions mortifères des «têtes brûlées» de l’ordre milicien, si préjudiciables au camp chrétien. L’engagement de ces deux chefs militaires chrétiens dans leur rôle d’ombrelle protectrice des combattants chiites en guerre contre Israël a ainsi lavé la souillure infligée aux Libanais par Samir Geagea et ses acolytes des milices chrétiennes du fait de leur collusion avec l’État hébreu.

Georges Ibrahim Abdallah, le glorieux, versus Amer Fakhoury, le hideux.

Georges Ibrahim Abdallah et Amer Fakhoury représentent les deux faces du Liban. Le premier, militant communiste pro palestinien, incarne son aspect glorieux, la fierté nationale du Liban; le second, le supplétif des Israéliens, son aspect hideux, la lie du Liban, sa fosse septique.

Les deux sont maronites. Preuve éclatante que l’appartenance religieuse ne prédétermine pas à la servilité, mais la prédisposition intellectuelle commande une posture de rectitude ou de reptation, selon le choix du vertébré ou l’inclination profonde du reptile. La conclusion qui en découle est que Georges Ibrahim Abdallah est un arabe authentique. Amer Fakhoury, un larbin.

Doyen des prisonniers politiques à travers le Monde, au même titre que Moumia Abou Jamal, Georges Ibrahim Abdallah, dont la culpabilité est sujette à caution, est arbitrairement détenu dans la «Patrie des Droits de L’homme. L’ancien tortionnaire du centre pénitencier de Khiyam, édifié par les agents libanais d’Israël au Sud Liban pour torturer leurs compatriotes a, lui, été libéré de force du Liban par la «Grande Démocratie Américaine».

Figure mythique du combat de libération national arabe, Georges a hérité d’une double peine: sa détention au-delà de la période normale de son incarcération. L’exécuteur des basses œuvres israéliennes d’une double nationalité, israélienne et américaine. Les tortionnaires, c’est bien connu, ce sont toujours les autres. Jamais l’Occident.

Au nom de la défense du «Monde Libre», cinq pays du Moyen Orient sont soumis à un blocus unilatéral occidental: l’Iran depuis 40 ans; la Syrie depuis 11 ans, le Yémen depuis 7 ans et le Liban depuis 3 ans sans que l’OTAN ne soit parvenu à forcer la décision en sa faveur, alors que le ciel israélien est devenu une passoire du fait de la balistique de fabrication artisanale du Hamas palestinien, de même que le ciel saoudien, une passoire du fait de la balistique rudimentaire des Houthistes et que le Hezbollah libanais ridiculisait complètement la diplomatie américaine l’a contraignant à une pantalonnade mémorable en brisant le blocus libanais par l’importation du fuel iranien.

Sauf à vouloir provoquer l’exode final des chrétiens arabes, le leadership chrétien libanais, en particulier maronite, serait avisé de se vivre non comme la pointe avancée de l’Occident en terre arabe, mais plutôt comme exerçant son pouvoir symboliquement par délégation des autres communautés chrétiennes du monde arabe, et de prendre la mesure du fait que ses options se répercutent d’une manière ou d’une autre sur ses coreligionnaires.

Pour aller plus loin sur ce thème, cf ce lien

Sauf à considérer la chrétienté comme relevant du patrimoine exclusif de l’Occident, la vocation première des chrétiens arabes est d’être partie pleinement prenante au combat national arabe pour la restauration de la dignité et de la souveraineté nationale de l’espace arabe, et non comme le fer de lance du combat pour leur soumission à l’ordre américain, une fonction dévolue traditionnellement à Israël dont ils seraient à nouveau les supplétifs déconsidérés.

La démocratisation de la vie arabe sera l’œuvre des Arabes ou ne sera pas. En aucun cas elle ne devra se faire à l’ombre des baïonnettes américaines. En tout cas certainement pas avec les chrétiens arabes dans le rôle de contremaîtres.

En guise de conclusion, l’admirable hommage à la résistance du Hezbollah, en 2006, au sud liban par la grande dame Julia Boutros «Ahibba’î», Mes Biens Aîmés.https://www.youtube.com/embed/zWcRdOvH7ng?feature=oembed

En additif, cet admirable texte d’un maronite Sarkis Douaihy à propos des chiites intitulé «Les chiites au Liban sont la pire des malédictions. Qu’ils partent», qui résume le dilemme existentiel du Monde arabe. https://reseauinternational.net/les-chiites-au-liban-sont-la-pire-des-maledictions-quils-partent/

Note

1- Sur les relations entre Israël et les Maronites, Cf notamment –«Victimes, Histoire revisitée du conflit arabo sioniste- Benny Morris– (Edition Complexe), chapitre I page 539 et suivants/

Avec en complément la version anglaise du Texte du pacte secret entre l’Église maronite et l’Agence Juive

Treaty between the Jewish Agency for Palestine and the Maronite Church. What are the implications of the creation of a minority Jewish stateon identity politics in Lebanon? – May 30th 1946

“We, the undersigned:

1. His Beatitude Antoine Arida, the Maronite Patriarch of Lebanon, acting on behalf of the Church and the Maronite community, the largest community in the Lebanese Republic with citizens residing in other countries, represented by …, ex-minister by virtue of authorization addressed to the President of the Jewish Agency, Professor Weizmann on May 24th 1946, which hereinafter shall be in this treaty addressed as “first party”.

2. Dr. Bernard Joseph, acting on behalf of the Jewish Agency for Palestine which is known in International Law as the representative of Jewish people around the world aimed at creating the Jewish National Home in Palestine, which hereinafter shall be in this treaty addressed as “first party”.

ART.1: The first party expressly and fully recognizes the historical link uniting the Jewish people to Palestine, the Jewish people’s aspirations in Palestine, and the Jewish people right to a free immigration and independence in Palestine. It also declares its approval on the Jewish agency’s declared current political program including the establishment of a Jewish state.

ART.2: The second party expressly and fully recognizes the independence of Lebanon and the right of its inhabitants to choose the regime they deem as appropriate. The second party also declares that its extending and widening program does not include Lebanon. On the contrary, it respects the state of Lebanon in its current form and borders. The Jewish immigration does not include Lebanon

ART.3: The two parties commit themselves reciprocally to abstain from undermining their respective aspirations and status; the so-called commitment has a binding obligation restraining the representatives of both parties – officials and non officials – in the country, abroad, in international conferences whether occidental or oriental, from expressing any kind of support to decisions or actions that may harm the other party. Also do their utmost to avoid taking such decisions or undertaking such actions.

ART.4: The two parties commit themselves to provide mutual help at the following levels: political, commercial, security and social in order to promote the position of the first party and realize the aspirations of the second one. This engagement includes:

a) Raise the awareness of public opinion in the Orient and the Occident on the cause of each party, according to the spirit of the treaty hereby.

b) Concert their efforts to open the doors of each country with view to deepen cultural and social rights and promote commercial trades and the exchange of liaison officers to forge good neighboring relationships between one another.

C) The first party recognizes the right of every Jewish to immigrate to Palestine commits itself to help as much as possible in the realization of this immigration in the event that it shall pass through Lebanon.

d) The second party commits itself, after the creation of the Jewish state, to respect the sacred character of the holy sites in Palestine and commits itself as well after retaining the command of power to consider the treaty hereby as an integral part of the government program.

e) The two parties commit themselves to provide help, if requested, to one another in order to maintain security in their respective countries. This engagement has the binding obligation to take all necessary measures to block the entrance or exit of hostile elements capable of sowing public disorder and the obligation to refrain from providing any kind of help for such elements.

f) The two parties commit themselves to exchange information on all issues such as the politics of their countries, their economy, security, and relations with third parties.

g)At the industry, agriculture and scientific research levels, the two parties commit themselves to exchange information and advice in order to synchronize the Lebanese and Jewish efforts with a view to ensure the best development of their respective industries (including the tourism sector), agriculture and research on the basis of mutual cooperation.

h) After creating the Jewish state, the second party commits itself to reserve a friendly treatment to the representatives of the Maronite Patriarch, to facilitate the buying of a land and the construction of a Patriarchate worthy of the Maronite community.

i) The second party commits itself to require from its offices all over the world to support the cause of the first party and back its representatives in Washington, London, and Paris and in international conferences.

ART.5: In order to achieve the afore-mentioned obligations, and additional practical means of collaboration and mutual aid, the two parties will hold direct or indirect (through representatives) talks depending on the relevant advancement and circumstances.

ART.6: The treaty hereby takes effect upon signature. Each party has the right to terminate it within six months notice.
In witness whereof the two parties have signed this treaty.”
Double original copy, Jerusalem, May 30th 1946.
Source: Central Zionist Archives 525/3269

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