Après les élections législatives de 2005, les premières après la fin de l’occupation syrienne, Fouad Siniora forma un gouvernement dans lequel étaient représentées les principales formations politiques, y compris le Hezbollah (pour la toute première fois) mais pas le Courant patriotique libre (CPL) qui avait pourtant remporté la majorité des voix chrétiennes. Les ministres des principales formations chiites (c’est-à-dire du mouvement Amal et du Hezbollah) en démissionnèrent après la guerre de juillet 2006. Mais Fouad Siniora refusa de démissionner et se maintint, même après la fin du mandat du général Émile Lahoud comme président de la République.

Après l’élection du général Michel Sleiman à la présidence de la République en 2008, Fouad Siniora forma un nouveau gouvernement d’union nationale comprenant des ministres du CPL (pour la toute première fois).  Après les élections législatives de 2009, Saad Hariri forma un gouvernement d’union nationale qui resta en place jusqu’en 2011 lorsque les ministres du CPL, du mouvement Amal et du Hezbollah démissionnèrent. 

En 2011, Walid Joumblatt s’entendit avec le CPL, le mouvement Amal et le Hezbollah pour que Najib Mikati forme un gouvernement. Le Courant du futur de Saad Hariri et Fouad Siniora n’y participa pas et accusa le Hezbollah de le contrôler. La guerre en Syrie commença. Le Hezbollah partit y combattre et bien que représenté au gouvernement, laissa le CPL et le mouvement Amal décider avec Najib Mikati qui finit par démissionner en 2013 en raison des tensions entre eux. 

En 2014, l’Arabie saoudite soutint Tammam Salam, le candidat de Walid Joumblatt. Tammam Salam forma alors un gouvernement d’union nationale. 

Fin 2016, Michel Aoun fut élu président de la République grâce essentiellement aux voix du CPL (dont il est le fondateur), du Courant du futur et du Hezbollah mais ni celles du mouvement Amal du président du Parlement Nabih Berri ni celles du parti socialiste progressiste (PSP) de Walid Joumblatt. Saad Hariri forma alors un gouvernement d’union nationale. Écartés (comme ils le prétendent) ou pas des décisions gouvernementales qui étaient prises selon eux par Saad Hariri et le CPL seulement, les ministres des anciens chefs de milice (le mouvement Amal de Nabih Berri, le PSP de Walid Joumblatt, etc.) furent dans une logique d’opposition et de paralysie de l’action du gouvernement. 

Fin 2019, le CPL, le mouvement Amal et le Hezbollah s’entendirent pour que Hassan Diab forme un gouvernement. Le Courant du futur de Saad Hariri et Fouad Siniora n’y participera pas et accuse Hassan Diab d’être l’homme du Hezbollah. 

L’assassinat du général Qassem Soleimani, chef d’Al Qods, la force d’élite des Gardiens de la Révolution islamique iranienne pousse le Hezbollah à laisser le CPL et le mouvement Amal décider avec Hassan Diab. 

La formation d’un gouvernement de technocrates comme le souhaitent Hassan Diab et les manifestants depuis le 17 octobre 2019, est soutenue par le CPL (Antoine Constantine, conseiller du ministre des Affaires étrangères Gébran Bassil, a confirmé que le CPL, que ce dernier dirige, n’aura aucun ministre dans le gouvernement qui sera formé par Hassan Diab : https://twitter.com/a_costantine/status/1216013750693769216?s=11) mais bute sur les exigences de Walid Joumblatt pour le portefeuille ministériel et l’identité de la personnalité druze qui y participerait ; et, sur la volte-face de Nabih Berri qui demande la participation de politiciens chevronnés à laquelle il avait pourtant renoncé mais qu’il considère désormais comme essentielle en raison des tensions régionales. 

Hassan Diab risque donc bien de renoncer à former un gouvernement pourtant vital pour le Liban alors même qu’il faut passer à l’action car le Liban est en faillite, le gouverneur de la Banque du Liban est dans le déni et persiste dans la même politique désastreuse qui a conduit à cette situation, et les gens ont perdu confiance dans les banques et dans la valeur de la livre libanaise. Le rapatriement des capitaux illégalement transférés vers l’étranger n’a pas encore commencé et les coupables (détenteurs de ces capitaux et facilitateurs) toujours pas désignés. Le retour en Syrie des réfugiés syriens n’est pas encore organisé. 

Ce sont avant tout le Courant du futur (dans la plupart des gouvernements depuis 1992), le mouvement Amal (dans la plupart des gouvernements depuis les années 1980) et le PSP (dans la plupart des gouvernements depuis les années 1980) qui ont causé la situation désastreuse d’aujourd’hui et ce sont eux qui sont les premiers responsables de la corruption et du détournement d’argent public, de l’endettement du pays et de l’appauvrissement du peuple. De même que Saad Hariri a décidé de rester en dehors du gouvernement, Nabih Berri et Walid Joumblatt devraient donc en faire de même, pour le salut du Liban et des Libanais. D’autant que si le bilan à mi-mandat de la présidence Aoun est décevant c’est d’une part à cause de l’accord de Taëf qui a retiré au président de la République toute prérogative réelle et d’autre part en raison de la médiocrité de Saad Hariri en tant que premier ministre et du travail de sape des ministres du mouvement Amal de Nabih Berri et ceux du PSP de Walid Joumblatt. 

1 COMMENTAIRE

  1. Mr Berri, il est grand temps de laisser votre place. Non seulement vous n’avez rien fait de positif pour le Liban et les Libanais, mais vous empêchez maintenant la formation d’un gouvernement qui pourrait peut être sortir le Liban de cette crise. Shame on you !!

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